Cette histoire se passe en terre
d'angle dans un urbain manoir de sorciers dont la rage ne sait
visiblement s'éteindre. Dévorée par les puces, couchée sur un
divan de cuir, je lisais Maus, la veille de mon retour sur les terres
du continent. Un seul être me manquait mais tant d'autres me
hantaient. L'oeil grand ouvert je finissais ma traversée marron, des
chips apéritifs toxiques consolant mes grincements de dents dus à différentes influence, dont celle, prédominante de la quantité
d'herbe dont on m'avait, généreusement d'ailleurs, enfumée. Une
vagina dentata était peinte sur le mur de la cuisine, un diable à
tête de chèvre et au pénis fier se tenait près d'elle, et dans ce
salon on pouvait aussi trouver une de bras mystique des cercles, des
filles à cheveux roux et des signes que mon ignorance m'empêchait
de déchiffrer, des métaphores, des symétries en longues percées
amphoriques.
Le rat rattelait sa cage. Il avait rapidement apprécié
ma présence et ne manquait jamais de coller sa moustache aux
barreaux lorsque je trainais mes pieds nus aux moncellements de fins
déchets du sol en tracés écartelés sur mon trajet vers l'évier.
Le chat noir du Styx léchait ses tétons écarlates exhibés puis
grimpait à trois mètres sur le sommet de la bibliothèque, il était
maintenant deux heures et l'atmosphère retombait encore dans un
nuage sourd. Jamais mes hôtes n'ouvraient leurs fenêtres. Dans
Maus, un skeletion foulait lui des corps, en tas pour aller chier et
moi je me roulais dans la nausée, dans le goût de ce plaisir
nauséabond solitaire de l'horreur désirée. J'avais vomi la veille
déjà et l'étoile du matin, celle qui naît en toi, approchait à
pas, dans les bulles de ma bière au gingembre, enserrés de chemins
moites. Le chat feutré, terrifié, maniéré, le plus souvent hors
de portée des sens vint chercher mon doigt, par le flanc pour
commencer. Etrangeté, de voir un animal se livrer soudainement à
des jeux d'adultes. Pattes et griffes contre ongles et pulpe, cornée
des cordes de guitare. Quand Maus sombra dans sa faim, je sortis
voler ma solitude à ce ichat qui se lassait déjà des trois minutes
de mystère qu'il m'avaient affichées. Je me grattais en me
collant la peau de mienne la vache morte, hors la porte la
séductrice. Dans l'obsurité dense étriquée et veloutée les
tableaux étaient passés en vision ultra aveugle de nuit. Ou
l'avais-je laissé entrouverte? Pas à pas. Tu n'es pas mon père,
chevalier noir, et ça galope le plancher, sept lourdes paires de
griffes, agressives, suppliantes. Des sabots martèlent aux côtes de
ma poisseuse et démangeante couche. Je me redressais.
Un ishtar,
noir de gris, une flambée nimbant par derrière les interstices de
cette porte, décidément sacrément fermée. Elle se pose en
égyptienne, pyramide défi de trois quatre plateaux. Elle ne
m'autorise pas de son regard de flamme abyssinienne à ne pas me
laisser fascinée, surprise et curieuse, infantile et défiante,
comme moi. Elle clignote, non elle radote. D'avant en arrière, de
vingt à quatre vingt degrés, de gauche en avant à droite arrière.
Ou bien du centre de la terre, de pôle en pôle, avec ellipses. Isis
est connue pour bouger à une vitesse si vertigineuse qu'elle est
imperceptible à l’œil mortel avec ses douze seins. Mais ishtar, ou
son ami revenant ne me prive d'assassiner des doutes et parle. Je me
lève pour la libérer de sa frénésie ou peut-être me sauver d'un
monde qui voudrait m'avaler, j'en ai vu de tels. La porte fermée
n'étais pas entrouverte, je suis lucile de nouveau, et de Ishtar,
aucune incarnation désormais. Et elle disait en son langage oublié
des hommes un chant de dragon des portes et des guerres d'amour des
rois d'antan. Un chant de rage et de silence, de seins tendus que
j'ai pu retracer en défilant la toile, et qui de mémoire trouée
s'entendait ainsi:
“Si tu ne me laisse pas entrer
Je forcerais la porte
Je la brûlerais
Je suis assez puissante, je suis
assez patiente
Pour détruire ce portail que tu
gardes
Car ta demeure est aussi mienne”
Le silence descendit sur l'obscurité, doucement. Je retournais à mon sommeil qui n'attendais que moi. Et le muette dépositaire que je devint explosa un matin sur toi mon dragon entouré de vrai démons. Je priais devant ma bougie étoilée de huit branches en l'honneur de la déesse du plaisir chernel éternel de la passion, celle qui ne me quittera plus désormais, celle de l'heure bleue après la jaune et des désirs animistes aveuglants.